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Savoir-faire

Le Savoir-faire du restaurateur de livre

Le restaurateur de livres anciens a pour mission de rendre à un livre détérioré son aspect physique d’origine, dans le respect de son intégrité esthétique, historique, et de le mettre en valeur. L’objectif : donner à l’œuvre l’impression d’une bonne conservation au cours de son existence et prolonger sa durée de vie.

Ce spécialiste solutionne les problèmes de dégradation en conservant 100 % des éléments d’origine. Il peut agir sur le document en entier ou sur une partie seulement.

Selon le type de procédure engagée, il s’attache à consolider le livre pour une meilleure  manipulation et consultation ainsi qu’à améliorer son esthétisme en estompant la visibilité de ces interventions (facultatif).

Dégradations causées par des vrillettes (insectes xylophages) sur plusieurs feuilles imprimées (papier chiffon de lin vergé). Restauration du papier par comblage de lacunes.
Dégradations causées par des vrillettes (insectes xylophages) sur plusieurs feuilles imprimées (papier chiffon de lin vergé). Restauration du papier par comblage de lacunes.

Les aptitudes du restaurateur :

  • identifier les diffĂ©rents supports et matĂ©riaux composant le livre
  • reconnaĂ®tre les causes internes et externes d’altĂ©rations physiques et chimiques
  • possĂ©der le savoir-faire et les techniques de construction des reliures anciennes
  • apporter des rĂ©flexions sur les diffĂ©rents niveaux d’intervention
  • connaĂ®tre les mesures de conservation afin de lutter contre les facteurs de dĂ©gradation.

En amont d’une restauration, j’effectue un diagnostic de l’ouvrage et des dégradations subies afin de définir la procédure appropriée de conservation ou de restauration.

Deux concepts sont à définir :

  • La conservation: il s’agit des interventions qui freinent l’évolution des altĂ©rations ou qui les rĂ©solvent dĂ©finitivement par des procĂ©dĂ©s qui n’ont pas d’incidence directe sur l’intĂ©gritĂ© de la pièce. Ainsi la conservation des livres sollicite des opĂ©rations de nettoyage et d’entretien des recouvrements extĂ©rieurs des reliures et de renforcement du papier (mise Ă  plat, retrait de rĂ©parations grossières) sans apport de matĂ©riaux neufs.
  • La restauration: elle comprend l’ensemble des dĂ©marches de conservation dĂ©finies ci-dessus auxquelles s’ajoute une action directe sur la pièce: la consolidation par ajout de matières (greffes de cuir, de parchemin, de papiers…). Selon l’ouvrage Ă  restaurer, la visibilitĂ© des restaurations peut ĂŞtre attĂ©nuĂ©e par un estompage (facultatif, cahier des charges de la Bibliothèque Nationale de France).


Reconfection d’une tranchefile (point dit « pĂ©kiné ») avec des fils de lin teintĂ©s et patinĂ©s, identiques Ă  ceux d’origine.

Les principes dĂ©ontologiques – Ă©dictĂ©s dans le cahier des charges de la Bibliothèque Nationale de France et de la Direction des Archives  – prĂ©cisent les règles Ă  respecter par le restaurateur professionnel :

  • IntĂ©gritĂ© de l’objet: il doit respecter ce que reprĂ©sente l’objet, son histoire… et de ce fait, conserver les techniques anciennes de fabrication et les spĂ©cificitĂ©s technologiques de l’œuvre. Ainsi, lorsque le restaurateur est confrontĂ© Ă  un ouvrage qui n’a pas Ă©tĂ© codifiĂ©, c’est-Ă -dire que le procĂ©dĂ© d’assemblage de la structure est singulier et inconnu Ă  ce jour, il minimisera  son intervention Ă  des consolidations et des actions de conservation. Dans ce cas, la confection d’une boĂ®te de conservation sur mesure est alors recommandĂ©e.
  • Compatibilité des matĂ©riaux: les matières neuves devront ĂŞtre compatibles avec celles d’origine. Sont utilisĂ©s des matĂ©riaux identiques, de mĂŞme nature ou de mĂŞme fabrication pour des raisons historiques et physico-chimiques.
  • StabilitĂ© chimique: les traitements et produits employĂ©s sont chimiquement stables, d’un potentiel d’hydrogène neutre et d’une totale innocuitĂ©.
  • RĂ©versibilitĂ©: tous les produits et matĂ©riaux utilisĂ©s doivent pouvoir ĂŞtre Ă©liminĂ©s si leur prĂ©sence devenait indĂ©sirable, que ce soit d’un point de vue esthĂ©tique, scientifique ou pour toute autre raison.
  • EsthĂ©tisme et lisibilitĂ© de la restauration: lors d’ajout de matière neuve, les restaurations doivent s’estomper visuellement avec les matĂ©riaux d’origine (patines et teintes). Toutefois, pour ne pas tromper les particularitĂ©s propres au document, celles-ci doivent ĂŞtre subtilement lisibles Ă  l’œil nu. La reprise des dĂ©cors n’est pas conseillĂ©e car l’ornementation originelle des fers anciens ne peut ĂŞtre reproduite fidèlement. Seule la continuitĂ© des filets dorĂ©s ou Ă  froid assureront la recomposition du dĂ©cor.